Courant mars, le site The A.V. Club exhumait d’un de ses articles une discussion fébrile d’internautes autour du jeu The Wind Waker. Où l’on apprend qu’Eiji Aonuma et Hideo Kojima, créateurs respectifs de The Wind Waker et Metal Gear Solid, ont peut-être plus en commun qu’on ne le pense.
En marge d’un papier décrivant The Wind Waker comme la grande rupture de la saga The Legend of Zelda, des internautes du site ont en effet laissé libre cours aux théories les plus insolites à son sujet. Parmi elles, la contribution la plus passionnante revient à un certain Exy, qui pointe de troublantes similarités entre The Wind Waker et… Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty. L’argumentaire proposé par l’internaute ne manque pas de piquant.
Comme il le rappelle, MGS2 fut une déception pour de nombreux fans lors de sa sortie en 2001. La faute à un personnage principal que personne n’attendait alors : Raiden. Un début difficile auquel fut également confronté The Wind Waker, raillé pour ses décors en cel shading et son Link cartoonesque. Mais si l’un et l’autre peinèrent au départ à se faire une place dans le cœur des joueurs, la désillusion qu’ils suscitèrent laissa peu à peu place au culte.
Exy poursuit le parallèle en soulignant que l’une des particularités de Raiden est d’avoir à marcher dans les pas de son illustre aïeul, Solid Snake. De la même façon, Link dans The Wind Waker souffre de la comparaison avec le Héros du Temps (le Link d’Ocarina of Time et de Majora’s Mask). Maladroit et naïf, le premier ne partage pas grand chose avec le second, archétype du guerrier valeureux. Ces différences n’empêchent certes ni Raiden, ni le héros des Vents de trouver leur propre identité et de surmonter les obstacles. Mais avant d’y parvenir, l’un comme l’autre sont tenus de s’affranchir du passé.
À ce titre, Exy juge que les architectures de MGS 2 et The Wind Waker ont été conçues à la fois pour contenter les fans, et pour les désarçonner. Car si l’épisode du Plant (MGS2) reprend intentionnellement la structure des événements de Shadow Moses (MGS1), le but est par la suite de consumer petit à petit toutes les certitudes des joueurs. Trajectoire que reprend à l’identique The Wind Waker vis-à-vis d’Ocarina of Time. Ainsi, la logique est dans les deux cas de s’écarter du chemin attendu par le public pour délivrer un nouveau message. Un choix qui met délibérément à mal les présuppositions des joueurs.
Autre coïncidence : alors que la fin de MGS2 dénonce une société sur le point d’imploser si nous n’agissons pas, The Wind Waker semble en présenter le résultat direct. Et curieusement, les deux titres, qui se déroulent chacun en mer et partagent en un sens une composante d’infiltration, sont sortis à un an d’intervalle (respectivement en 2001 et 2002). Une analyse qui invite à (ré)explorer avec nostalgie ces deux monuments du jeu vidéo.
No Comments